Je ne me souviens pas de grand-chose aujourd’hui. Certains détails. Je ne me souviens que de certains détails comme l’odeur de la bière, le papier peint de la chambre de mes parents, le mur de leur chambre et plus largement la configuration de la pièce.
Mon grand-père buvait beaucoup. Il était très certainement alcoolique. Je me souviens qu’il buvait tous les midis, avant de manger, une pinte de bière. Il lisait son journal en buvant une pinte de bière. Tous les jours, tous les jours.
J’ai longtemps détesté l’odeur de la bière. Ça me donnait envie de vomir. Aujourd’hui je tolère l’odeur, à petite dose, mais ne supporte pas qu’on me parle de près quand on a bu de la bière. Là, pas de ménagement, je repousse la personne avec violence.
Je ne supporte pas non plus les gens ivres, même légèrement.
En général, je suis une personne non violente et suis contre toute forme de violence. Et pourtant, et pourtant je me transforme et suis haineuse face aux gens ivres. Je sors alors de mes gongs et peux avoir des pensées d’une extrême violence face à eux. Je l’écris en ce moment et sens cette force, cette boule de haine en moi.
Je ne me souviens pas de grand-chose aujourd’hui. Je faisais souvent la sieste avec mon grand-père. Ça, ma mère me l’a dit parce que je ne m’en souviens pas. J’étais sa préférée, sa petite-fille préférée. Ma mère me l’a dit aussi. Il m’appelait régulièrement, quasiment tous les soirs, pour me parler de ses problèmes. Ma mère me l’a dit aussi parce que je n’en ai aucun souvenir.
En gros, la plupart des choses dont je peux parler aujourd’hui m’ont été relatées par ma mère ou d’autres personnes.
